le contexte | un territoire restitué à la transhumence
CDC Biodiversité, filiale de la Caisse des Dépôts, a acquis en 2008 dans la plaine de Crau 357 hectares d’anciens vergers sur le site de Cossure à Saint-Martin-de-Crau (13), afin d’y réhabiliter un espace favorable à l’élevage ovin et à la biodiversité. L’espace naturel restauré a complété et renforcé la cohérence écologique de la réserve naturelle des Coussouls de Crau. Cette opération pilote a été conduite avec le ministère en charge de l’écologie pour expérimenter la création d’une « Réserve d’Actifs Naturels ».
Lieu : Saint-Martin de Crau.
Programme : deux bergeries / éco-constructions.
Surface des deux bergeries : 1500 m².
Coût estimé : 388 450 € TTC.
Matériaux utilisés : toiture tuiles canal, isolation polyuréthane (R=6) , enduits à la chaux, menuiseries extérieures bois, verrière et passerelle métalliques, parquet chêne collé, travertin, parefeuilles.
Financement : privé / éco-prêt.
le parti architectural | composer avec le territoire
Le projet de paysage
La construction de deux nouvelles bergeries n’est pas un geste anodin. Ce projet s’inscrit dans un contexte de pratiques et de rites qui fabriquent le territoire depuis des siècles, le marquent et le maintiennent. Cette question de la durabilité du paysage local nous intéresse tout particulièrement. Par sa manière d’aborder la question du site et le travail sur la mémoire qu’elle permet, elle est une approche porteuse d’une véritable esthétique de l’intervention sur la nature. Ceci ne signifie pourtant pas de percevoir le paysage en tant que patrimoine, mais de le considérer comme une construction dans le temps pour revenir au paysage «ordinaire» des habitants. Le projet paysager devient alors un projet local, c’est-à-dire qu’il intervient au croisement d’espaces singuliers des sentiers, des bergeries, des puits et des murets.
L’intégration des bâtiments au paysage
Pour des questions évidentes d’intégration paysagère et de respect des typologies des bergeries de la Crau, nous appliquons les proportions traditionnelles suivantes : considérant la longueur (50 mètres), la largeur a été fixée à 15 mètres pour une hauteur au faîtage de 6,00 mètres. La toiture est recouverte de tuiles canal. Les bergeries sont implantées selon une orientation sud-sud-est afin de se protéger du mistral.
Enfin, nous insistons sur le fait qu’au même titre qu’un bâtiment public ne peut être pensé et conçu sans les espaces publics qui lui sont associés, un bâtiment agricole ne peut exister sans la conception de son intégration au site. Pour l’instant rien ne prévoit la réalisation de sentiers d’accès, de plantations, d’enclos ou d’éléments d’infrastructure. Ces questions sont pourtant importantes et nous recommandons de les intégrer au cahier des charges.
Le parti architectural
Considérant l’importance du climat intérieur (sec) des bergeries, les parti-pris d’architecture émanent d’exigences liées à l’hygiène, c’est-à-dire à la ventilation, la luminosité et la propreté. Nous prévoyons d’assurer la ventilation par convection naturelle entre les ouvertures et une sortie d’air par faîtière. L’éclairage naturel est favorisé par une trame régulière de fénestrons. Les fenêtres nord sont hautes et étroites ; celles au sud petites et carrées. Enfin, considérant qu’il est recommandé de maintenir les sols secs et non glissants pour éviter toute blessure ou usure des onglons des moutons, le traitement des surfaces s’avère important. Nous respectons l’actuel cahier des charges et prévoyons de laisser le sol naturel.
Le choix constructif
Nous optons pour une structure portante bois. Contrairement à certaines idées préconçues, l’utilisation du bois assure au bâtiment une pérennité, sans risque de dégradation. Le bois est un matériau résistant au feu et aux agents chimiques qui ne se corrode pas et nécessite peu d’entretien s’il est utilisé en respectant les règles de l’art.
L’importante portée (15 mètres) est assurée par un système de travées en poteaux / poutres lamellé-collé entre lesquelles vient se monter une ossature bois : une mise en oeuvre rapide et légère qui dispense de lourds travaux de fondation. L’ensemble repose sur une semelle filante en béton permettant d’éviter le contact des pieds de poteaux avec le lisier. La structure bois est enfin banchée au « béton de chanvre» (chèvenotte) et enduite à la chaux et sable. Les capacités de respiration assurent une ambiance intérieure très saine et une bonne régulation de l’hydrothermie.
Le choix technique
Le projet consiste en la mise en place d’une centrale photovoltaïque sur les deux bâtiments. Nous avons retenu comme hypothèse de revendre l’intégralité de la production à EDF en réinjectant sur le réseau public l’électricité produite par la centrale photovoltaïque. Sur la base de 850 m² et d’un rendement de 14%, nous obtenons une centrale photovoltaïque d’une puissance nominale maximale de 119 kWc. Sur les bases retenues, la production de la centrale photovoltaïque serait d’environ 165 000 kWh par an. La production d’électricité verte produite par ce projet permettrait d’alimenter environ 48 foyers et économiser l’émission de 14,28 tonnes de CO2 par an.
