ANNONCE

Alors que la Fondation Luma s’apprête à inaugurer en 2019 la tour de Frank Gehry, le président du directoire d’Actes Sud Jean-Paul Capitani annonce qu’il compte édifier d’ici 2020 sa propre tour. Un projet qui devrait prendre forme sur le site de « Croisière » et dont il livre ici les premiers éléments.

Les projets architecturaux foisonnent à Arles. Après la tour sculpture de Frank Gehry qui accueille la Fondation Luma, après l’annonce d’un futur musée Lee Ufan dans l’ancien hôtel de Vernon qui sera rénové par l’architecte japonais Tadao Ando, voici que Jean-Paul Capitani envisage à son tour de participer à cette effervescence en faisant bâtir une tour de bois de 18 mètres de haut à l’emplacement de l’actuel quartier de la « Croisière », à l’angle du boulevard Victor Hugo et du boulevard des Lices. Jean-Paul Capitani y est né, y a grandi et est aujourd’hui propriétaire des bâtiments qui composent ce petit quartier.

« Cette tour ne sera pas haute et sera encadrée par des immeubles ; elle ne sera donc pas immédiatement visible depuis l’extérieur », explique Jean-Paul Capitani. Patrick Bouchain sera l’architecte de cette structure qui n’aura non seulement rien d’ostentatoire, mais sera destinée à devenir un hôtel à prix modéré.

« Ce projet paraît nécessaire dans une ville où tous les hôtels qui se construisent ou se rénovent en ce moment ont vocation à devenir des 4 ou des  5 étoiles  », déclare-t-il. « Si tout va bien, annonce-t-il, si j’obtiens de la mairie les permis de démolir puis de construire, je compte édifier une auberge de jeunesse et un cinéma de cinq salles en sous-sol. Je rénoverai par ailleurs certaines des maisons de Croisière pour y loger un bar, un restaurant ainsi qu’un carré dédié à un marché bio de produits locaux ». Les lieux, d’une superficie de 2 000 m2 passeront à 6000 m2 une fois le projet  achevé, la clôture du chantier étant prévu début 2020.

Prêtée aux Rencontres, « Croisière » est apparue dans la programmation d’Arles l’an passé. C’est dans ces bâtiments vétustes que l’on a pu voir le panorama de la photographie vernaculaire colombienne. Cette année, les Rencontres y présenteront huit expositions (contre trois l’an dernier), des espaces ayant été viabilisés dans les étages des bâtiments. On y trouvera notamment les accrochages de la grande exposition de Joan Colom et Jane Evelyn Atwood sur mai 1968 ou encore du Prix Pictet…

L’histoire ne dit pas s’il y aura encore après travaux de la place pour les Rencontres.   La distribution des espaces d’exposition dans la ville s’est profondément modifiée ces  dernières années. Depuis le rachat en 2014 du Parc des Ateliers de la SNCF par la  Fondation Luma et par Actes Sud, le festival a été contraint de se redéployer un peu  plus aux quatre coins de la ville. Cette année, c’est l’Atelier de Mécanique, propriété  d’Actes Sud, qui fera défaut. Ses volumineux espaces permettaient d’accueillir  notamment les dix expositions du Prix Découverte, qui sont désormais délocalisées  à Ground Control, loin du centre-ville. Sam Stourdzé a dû trouver six nouveaux lieux  pour caser toute sa programmation, se déployant sur des sites aussi différents  que la Chapelle de la Madeleine, un entrepôt appartenant à  Monoprix ou la Maison Centrale d’Arles.

Quant à l’Atelier de Mécanique, il a été récupéré par  l’Association du Méjan (créée en 1984 par Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen) qui y présentera sa propre  programmation. Elle comprendra notamment une  installation de Prune Nourry et une présentation inédite de  la collection photographique d’Antoine de Galbert sur le thème du portrait.

Ces expositions voisineront avec celles de la Fondation Luma qui monte en puissance avec une rétrospective de Gilbert & George curatée par Hans Ulrich Obrist et  Daniel Birnbaum, une installation de Pipilotti Rist, une proposition du cinéaste indien Ama Kanwar…

(Article extrait du THE ART NEWSPAPER DAILY (ÉD. FRANÇAISE) # 16, 26 MARS 2018 – Natacha Wolinski)

Patrick BOUCHAIN

Né en 1945 à Paris, Patrick Bouchain est architecte et scénographe. De 1974 à 1983, il a enseigné dans plusieurs écoles telles l’école Camondo, les beaux-arts de Bourges et l’École nationale supérieure de création industrielle qu’il a fondée.

Patrick Bouchain a fondé L’Atelier CONSTRUIRE avec Loïc Julienne, Nicole Concordet, Sébastien Eymard, Chloé Bodart et Denis Favret, organisé en association de fait et dont le siège est à Paris. Pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, son activité s’est axée sur les arts du spectacle, la mobilité et l’éphémère. Foncièrement anticonformiste, l’Atelier pratique une architecture « HQH » pour « Haute Qualité Humaine », développant les chantiers ouverts au public, véritables actes culturels, la remise en question permanente des normes, et la valorisation de la maîtrise d’usage au cœur du projet.

Son activité s’est orientée en 2009 vers l’application de ces expériences pour proposer des manières alternatives à la production d’habitat social. Ces réflexions ont été traduites dans l’ouvrage « Construire ensemble le Grand Ensemble ». Les projets réalisés à Tourcoing (l’atelier électrique), à Boulogne sur Mer (la maison de Sophie) et à Beaumont en Ardèche (les Bogues du Blat) ont permis de le mettre en œuvre.

On lui doit la réhabilitation de friches industrielles, comme Le Magasin à Grenoble en 1985, Le Lieu Unique à Nantes en 1999, la Condition publique à Roubaix en 2003, ainsi que la création de chapiteaux et de salles de spectacle : le Théâtre équestre Zingaro à Aubervilliers en 1988, La Volière Dromesko à Lausanne en 1991, le Théâtre du Radeau au Mans en 1993, La Grange au Lac à Évian en 1993, l’École de cirque de Rosny-sous-Bois et l’Académie Fratellini de Saint-Denis La Plaine. Il collabore avec des artistes pour des projets in situ : Daniel Buren au Palais Royal, Claes Oldenburg à La Villette, Jean-Luc Vilmouth à La Manu, etc.

Depuis 2012, une nouvelle voie d’expérimentation a été ouverte avec la création de « l’université foraine », à Rennes, à Clermont-Ferrand puis à Avignon, avec pour objectif l’interrogation sur le programme en faisant converger sur des lieux libres d’affectation les savoirs et les désirs d’appropriation pour faire émerger les lieux de l’impensé.

L’atelier a poursuivi son activité de maîtrise d’œuvre sur des projets atypiques tels les théâtres de la Belle de mai (2013), le point haut à St-Pierre-des-Corps (2014), le musée maritime de La Rochelle (2014), ou l’école du cirque de Bagneux (2015).

Un peu de lecture

HISTOIRE DE CONSTRUIRE est le premier ouvrage qui révèle, projet après projet, les processus à l’œuvre dans l’architecture inclassable de Patrick Bouchain. Principalement visuel, composé des nombreuses archives de l’architecte et son agence – plans, croquis, extraits des précieux carnets de projet – de photographies explicitant le « chantier ouvert » ou « la construction comme acte culturel », ou encore de maquettes retraçant l’avènement de la forme, il s’agit bien de plonger dans la genèse du projet pour comprendre une façon de faire, une pensée à l’œuvre. Chaque projet est unique, de quoi est-il constitué, comment a-t-il été appréhendé ? D’écoles de cirque en piscines municipales, de salles de concerts en logements sociaux expérimentaux – l’architecte doit-il vivre avec l’habitant ? – de scénographies en campements nomades, le lecteur se promène au gré de ces histoires de construire  desquelles émane une jouissance du faire certaine.

Histoire de construire

Actes Sud Beaux-Arts – L’impensé

Mai, 2012 / 17,0 x 24,0 / 420 pages / ISBN 978-2-7427-9057-9

Prix indicatif : 45,00 €

L’équipe de CONSTRUIRE ENSEMBLE / LE GRAND ENSEMBLE, composée des architectes Patrick Bouchain, Loïc Julienne, Nicole Concordet, Sébastier Eymard, Chloé Bodart et Denis Favret, n’a de cesse de démontrer que l’acte de bâtir n’implique pas les premiers concernés – ses habitants – et expérimente une autre façon de produire et de gérer l’habitat collectif. L’équipe est convaincue du potentiel civique des citoyens pour participer à son élaboration. Afin de répondre à deux questions : comment mieux vivre ensemble ? ; et comment faire pour inclure dans la fabrique des villes les enjeux environnementaux, autrement que par des lois ?

Construire ensemble / Le grand ensemble

Actes Sud Beaux-Arts – L’impensé

Mai, 2010 / 19,6 x 27,0 / 72 pages  / Coédition NAC  – ISBN 978-2-7427-8912-2
prix indicatif : 17,30 €